Les dates de péremption sont-elles périmées ? Pour l’instant, les DLC et DDM se retrouvent sur la plupart de nos produits. Outil de sécurité sanitaire, celles-ci génèrent aussi du gaspillage alimentaire dont on pourrait bien se passer. Explications.
Avant de passer à l’action, un petit topo sur l’étiquetage alimentaire s’impose.
Emballé, c’est pesé
Les emballages alimentaires possèdent de nombreux rôles : protéger, conserver, transporter et stocker le produit. Ainsi, ils permettent d’en assurer la distribution mais aussi d’informer le consommateur… et au passage, de pouvoir lui raconter une histoire, de l’inscrire dans l’univers d’une marque, grâce aux codes couleurs, aux dessins, aux logos etc.
On distingue deux types de mentions : d’une part, les mentions obligatoires (dénomination de vente : « beurre doux », numéro de lot de fabrication, composition, valeur nutritionnelle avec le petit tableau protéines, lipides, glucides « dont sucres…). D’autre part, les mentions facultatives (le code-barres, le nom de la marque, si si…). Je passe volontairement sur les « mentions obligatoires sous conditions ».
Qu’indiquent les dates de péremption ?
Les dates de péremption indiquées sur vos produits font partie des mentions obligatoires, issues du règlement Européen INCO (dont je mets le lien renvoyant au texte de loi méga-soporifique). Celui-ci impose aussi la taille de caractère minimum de 1,2 mm pour lesdites mentions. #bellejambe.
La DLC (Date Limite de Consommation) indique la date jusqu’à laquelle le produit ne présente aucun risque sanitaire. On la retrouve avec la mention « à consommer avant le » ou « à consommer jusqu’au ».
Produits concernés : souvent des produits au frais : viandes, poissons, produits laitiers…C’est une date impérative. Donc, en principe, le produit doit être retiré du rayon si sa DLC est dépassée.
La DDM (Date de durabilité minimale), elle, indique la date jusqu’à laquelle le produit conserve ses propriétés organoleptiques. Donc, pas question de risque pour la santé, mais juste une question de qualité du produit, liée aux 5 sens (odeur, goût, ouïe, toucher…). On la retrouve avec la mention « à consommer de préférence avant le » ou « à consommer de préférence jusqu’au ».
Produits concernés : souvent des aliments au rayon épicerie sèche, les laits UHT etc. En deux mots, « ok vous pouvez consommer ces pâtes jusqu’à telle date, mais elles risquent d’être un peu jaunies, un peu plus molles, plus fades. Mais c’est sans risques pour la santé ». Idem pour le café qui perd son arôme ou les pâtisseries sèches. C’est une date indicative.
Et la DLUO ? C’était la Date Limite d’Utilisation Optimale, remplacée depuis 2015 par la DDM. Elle conserve les mêmes obligations que la DLUO. « A consommer de préférence avant le », tel mois, telle année.
A savoir : pas de DLC ou de DDM sur : les denrées vendues non préemballées, les fruits et légumes frais, les boissons alcoolisées, les vinaigres, les sels de cuisine, les sucres solides, les produits de la boulangerie et de la pâtisserie (hum, le bon pain au chocolat/chocolatine) normalement consommés dans les vingt-quatre heures après leur production et certains produits de confiserie.
Le choix dans la date, c’est bien, mais…
Ça peut engendrer du gaspillage ! En France, 10 millions de tonnes de nourriture finissent jetées chaque année, dont 20 % seraient liés à la mauvaise compréhension des dates de péremption. Ça nous fait deux petits millions de tonnes, oklm. D’où la pétition de Too Good To Go. Cette start-up qui appelle à une révision de la sémantique pour la désignation des DDM afin de rajouter après le « à consommer de préférence avant » la mention « mais toujours bon après / mais aussi après ». Il fallait y penser. Certains industriels norvégiens ont déjà rajouté “mais toujours bon après” sur leur packaging. Ah, encore ces fameux pays Scandinaves, toujours en avance sur tout. A lire au passage, cet article expliquant les raisons de leur obsession moderniste : la compétitivité et le goût pour l’innovation.
Comment faire : il suffit de signer la pétition et de taguer vos marques préférées sur les réseaux sociaux « @nom de la marque #changetadate » afin qu’elle inscrivent cette mention et éviter ainsi le gaspillage inutile.
Pétition signée, pour ma part. Ce qui est rare ! Je n’ignore pas que celle-ci est aussi un moyen pour cette start-up de faire parler d’elle (et donc de générer quelques téléchargements de leur appli !). Mais la fin, ici, me paraît grandement justifier les moyens.
Par ailleurs, Too Good to Go donne aussi plein de conseils et de solutions créatives et étonnantes pour transformer ses déchets : utiliser le marc de café pour désodoriser son frigo, nettoyer ses toilettes avec du yaourt (vraiment) périmé), mieux organiser son frigo, nourrir ses plantes…A bon entendeur !
Ps : il y a une contrepèterie « cachée » dans ce texte.