Le « Running au féminin » est un livre*, mais pas que ! Super accessible, ce manuel est destiné aux femmes souhaitant débuter la course à pied : tests de conditions physique, premier dossard, habitudes alimentaires, conseils pratiques avant, pendant ou après la course, choix de l’équipement… Cécile Bertin, auteur de l’ouvrage, ne laisse rien au hasard, y compris les problématiques les plus intimes. Avant de chausser vos runnings, passez quelques idées reçues à la moulinette.
Qui est Cécile Bertin ?
Cécile est une non-sportive. Enfin, était. Quelques tours de pistes laborieux pendant l’adolescence, des bribes de danse classique, et surtout 4 enfants à 40 ans ! Elle découvre tardivement la course à pied, avec sa première Parisienne. C’est la révélation. Depuis, elle arpente les chemins du monde : une trentaine de marathons à son actif (dont le « 7 marathons sur 7 continents en 80 jours », des 100 km, quelques ultras-trails, dont la Transaharianna, un non-stop de 216 km dans le désert du Hoggar (sud de l’Algérie). Devenue journaliste, elle transmet sa passion sur courir-au-feminin.com, fonde le mag’ Running pour Elles début 2010. Aujourd’hui, Cécile ne garde toujours pas sa langue dans sa poche. Chroniqueuse running pour Vital et la chaîne MCS bien-être, elle prépare activement le prochain marathon de New York, puis file au Raid des Alizées en Martinique (VTT, trail, canoë, Run & bike) pour terminer dans le désert d’Oman juste avant la trêve des confiseurs. Entre deux départs, cette globe trotteuse sans chichis (ou presque) nous explique ce qu’est, précisément, ce « running au féminin ».
Charly : Quelle est la raison d’être de ce livre ?
Cécile Bertin : je voulais concentrer dans un ouvrage simple des outils de base pour commencer à courir. Ce sont des infos qui m’ont manquées lorsque je me suis mise à la course à pied. Les revues spécialisées me parlaient VMA, FMC, je n’y comprenais rien. Ce livre, édité en collection de poche, c’est pour donner envie aux filles de s’accrocher, de continuer à progresser, et surtout à dédramatiser. Oui, ce n’est pas un drame de commencer en alternant course et marche ! Pour s’y mettre, les filles veulent faire directement 45/60 minutes, plans d’entrainement à l’appui. Or, la majorité n’y arrive pas et se décourage.
Quelles sont les particularités du « running au féminin » ?
C. B. : j’ai constaté que dans le cadre de la course à pieds, les femmes s’y mettaient très souvent après un arrêt de sport prolongé. Par exemple, après une grossesse. Qu’on le veuille ou non, les femmes portent encore les enfants, prennent donc les kilos afférents, et commencent à courir dans une optique de perte de poids. Les choses changent doucement, mais peu le font en mode « défi sportif » ou « plaisir pur ».
Mais Cécile, vous allez faire bondir les genristes ! Cela signifierait donc qu’il y a un « running au féminin », et un running « au masculin » ?
C. B. : Il y a bien entendu des problématiques partagées par tous, mais il ne faut pas avoir peur d’appeler les choses par leur nom. Est-ce qu’un homme a déjà été confronté à un problème d’ordre menstruel à 30 minutes du départ de sa course ? Est-ce qu’un homme est carencé en fer précisément pour cette raison ? Non, évidemment. De même qu’il n’est pas toujours concerné par la problématique de concilier activité sportive et tâches ménagères (assumées encore aujourd’hui par 80 % des femmes, y compris celles qui bossent autant que lui !). Je ne parle même pas des fuites urinaires…
Les fuites urinaires… Peut-être une autre fois ?
C. B. : Non, justement, parlons-en ! On estime à 2 millions le nombre de femmes qui en souffrent suffisamment pour que cela handicape leur vie. Celles-ci n’ont pas 85 ans et il n’est pas question de dépendance. C’est un tabou sociétal (« on aime pas voir les femmes ainsi ») et intérieur (« je ne supporte pas de me voir ainsi »). Elles courent, par exemple après un accouchement, elles ont une petite fuite un jour et… Blocage total, elles remettent leurs chaussures au placard. Même les coureuses d’ultra-trail, bien plus concernées qu’une coureuse débutante, taisent ce problème. Au contraire, il faut en parler ! Beaucoup de runneuses connaissent ce désagrément. Ce livre, c’est aussi pour dire que l’on est pas toute seule et que ça ne sert à rien de tout arrêter, bien au contraire !
Bon, c’est dit ! Autre chose ?
C. B. : Plein… Par exemple, les marques disent (à tord ou à raison), que 70 % des femmes ne courent pas encore avec un soutien gorge de sport spécifique. Or, la poitrine n’est soutenue par (presque) rien d’autre que la peau. Le modèle sport, certes un peu antisexy, est conçu pour limiter les mouvements de la poitrine, et donc les tensions des ligaments. Les filles ont tendance à imiter leurs copines parce que tel top est joli, sans nécessairement rentrer dans les problématiques techniques. Cela dit, dès qu’on a quelques kilomètres au compteur, on se rend vite compte de son erreur et l’on revient rapidement au confort technique. De même, aux Etats-Unis, les choses bougent : en boutique, les femmes sont plus réceptives au message de technicité que les hommes.