« Les abdos du bas sont les plus durs à travailler ». Et pour cause, ils n’existent pas ! Enfin, disons que l’on a eu une fâcheuse tendance a mal les nommer. Il n’y a pas d’abdos du bas, mais une sangle abdominale. Emma Delahaye, coach sportif et formatrice en pilates, nous explique pourquoi.
Charly : Les abdos du bas, ça vient d’où ?
Emma Delahaye : En France, la vague du fitness dans les années 80 a privilégié l’approche analytique. En d’autres termes, nous avons « saucissonné » le corps en muscles bien isolés : les épaules, les biceps, les triceps, les abdos… les abdos du « haut » et « ceux du bas ». Puis, à la fin des années 90, les coachs et les chercheurs en préparation physique se sont rendus compte que penser ainsi l’organisme en blocs séparés créait des compensations. Plus précisément, cela ne résolvait absolument pas les problèmes de dos, et pouvait entrainer au contraire des problèmes d’incontinence urinaire. Surtout, au lieu de faire le ventre plat, cela le faisait gonfler! En effet, ce qui devait soutenir les organes était relâché. Les gens étaient certes musclés, mais avec un ventre gonflé.
On a donc commencé à penser le corps globalement…
E. D. : Absolument. La sangle abdominale est une gaine (d’où le « gaine ton corps ! »), un corset qui maintient les organes digestifs et reproductifs à l’intérieur de l’espace compris entre le bassin et la cage thoracique. Cette gaine, qui passe jusque dans le dos, sert également à maintenir la colonne lombaire. Donc, ce ne sont pas seulement des petits carrés de chocolat à faire ressortir ! Bien sûr, les culturistes ou les Anges de Victoria Secrets, qui cherchent une définition absolue du muscle, doivent construire la fibre de manière localisée. Mais cela ne convient absolument pas à la plupart des gens, qui restent assis au moins la moitié de la journée. Ceux-ci ont besoin de travailler leur gainage par rapport à leur posture. En effet, quand vous êtes assis sur une chaise, au bout d’un moment, la posture « droit comme un I » (pour ceux qui y pensent !) ne tient plus. Le dos s’arrondit, et le ventre se relâche.
Comment les bosser intelligemment ?
E. D. : D’abord, il faut allonger sa colonne vertébrale en essayant de se grandir, au repos, en marchant, ou en courant pour que la sangle s’engage correctement. Ensuite, prendre conscience de cette gaine, notamment en visualisant le plancher pelvien. Travailler les abdos sur plusieurs plans, avec des tas d’exercices d’origines différentes. Par exemple, miser sur le transverse, le muscle expirateur (lorsque l’on effectue une planche inclinée, sur un banc ou un escalier). On le sent lorsqu’on tousse, notamment. Il faut l’engager au moment où l’on expire. Aujourd’hui, certains continuent à ne jurer que par les crunchs et relevés de buste. Or, si notre patrimoine génétique varie peu, l’anatomie, elle, a changé. Il y a 50 ans, les gens marchaient 5 km par jour. Aujourd’hui, c’est 500 m. Il faut en tenir compte !
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