La perte de poids durable n’est pas qu’une affaire de déficit calorique. Parfois, on mange trop, non en raison des calories, mais à cause du repas du condamné. Explications.
Faut que je finisse le paquet ! Je termine mon assiette, comme ça c’est fait ! Je mange au-delà de ma faim et de mon envie, je ne sais pas pourquoi ! C’est plus fort que moi !
Ça ne vous est jamais arrivé ?
Je vous explique tout ça dans cet article, que vous pouvez également écouter dans le dernier épisode de mon podcast Dans la Poire !.
Il y a peu, j’ai publié une vidéo sur le « repas du condamné » et j’ai reçu beaucoup de commentaires et de messages privés tellement vous vous reconnaissiez dans cette problématique.
Le repas du condamné ou de la condamnée, c’est en gros, « faut que j’en mange maintenant parce que demain, y’en aura plus ». Donc, on ne mange pas selon la faim et/ou l’envie, même si elle peut exister, on mange selon une idée : « demain, il n’y aura plus de cet aliment ». Et je vais vous expliquer en quoi ça peut avoir un lien avec la perte de poids.
D’où ça vient, le repas du condamné ?
On dit « repas du condamné », parce qu’on demandait souvent à celles et ceux qui étaient condamnés, ben, qu’est-ce que vous voulez manger avant d’être exécuté et le ou la condamnée à mort pouvait choisir le repas qu’il ou elle voulait avant d’être mis à mort.
Une tradition un peu étrange mais qui existe encore un peu aux Etats Unis, même si on retrouve des racins bien plus anciennes, à l’époque de la Grèce Antique, puisque la veille des combats où ils pouvaient perdre la vie, on offrait aux gladiateurs un buffet pantagruelique, la cena libera.
Notre petite mort à nous, c’est qu’on pense qu’il n’y aura plus de cet aliment demain. Quelles peuvent être les causes du repas du condamné?
- Peut-être qu’étant enfant/ado, vous avez connu des restrictions concernant la quantité ou vis à vis de certaines familles d’aliments, parce que les parents essayaient de réguler votre poids. Aujourd’hui à l’âge adulte, vous faites ce que vous pouvez, mais vous en avez ras le bol de la frustration ;
- Peut-être que vos frères et sœurs piquaient dans votre assiette et que c’était la guerre, et que donc, il faut manger vite et manger tout pour être sûr de ne pas manquer ;
- Peut-être aussi que vous avez des pensées vis à vis de cet aliment là, qu’il fait partie des « aliments plaisir » et que tout ce qui fait plaisir, c’est « louche », parce que dans votre référentiel, c’est censé être gras, sucré, crousti et donc, fait potentiellement grossir, donc faut s’en méfier, dans votre référentiel à vous, donc, il faut le faire disparaître comme s’il n’avait jamais existé ;
- Peut-être aussi que vous êtes arrivé au repas avec une faim bcp trop importante, que vous défoncez ce plat de pâtes pour éteindre cette faim trop pregnante, mais là, on sort un peu du repas de la condamnée.
Quel rapport avec la perte de poids ?
Ce « repas du condamné » ou « de la condamnée » peut vous faire manger plus.
Le « repas du condamné » peut vous faire manger au-delà de votre rassasiement. Au-delà de vos besoins. Manger plus que ses besoins, ça nous arrive à toutes et tous pour des occasions de fêtes ou des coups de grisou. Mais lorsque ce mécanisme s’installe au quotidien, ça peut devenir un vrai casse-tête lorsqu’on veut veux mieux réguler son poids.
En l’espèce, il bien possible que votre cerveau vous joue des tours. Par exemple, vous n’avez pas mangé de cet aliment depuis X jours, X semaines ou X années, et vous vous dites que vous n’en mangerez plus pendant X jours, semaines ou années. Alors même que cet aliment ou ce type de repas, il vous a manqué, un peu comme le cinéma a beaucoup manqué à Ana Girardot.
Donc, votre cerveau peut vouloir faire du rattrapage en mode « ça va, tu m’en as assez privé comme ça » et dans le même temps, il anticipe la pénurie en mode « ça va, tu vas encore m’en priver ». Donc… il peut vous pousser à faire du stock !
Et ça donne : « Je me gave, j’essaie de faire du stock entre la pénurie d’avant et celle d’après »
Bref, il fait comme il peut avec ce qu’on lui donne, le cerveau. Il veille à votre équilibre psychique et physio, c’est son job, on ne va pas lui en vouloir. C’est un peu comme si on en voulait à un chien de garde de monter la garde. Il fait son job, donc, peut-être qu’on peut le remercier et lui montrer de la gratitude : merci mon cher cerveau de faire comme tu peux, je vois que tu essaies de te débrouiller avec ce que je te fais faire, j’aimerais faire autrement, mais pour l’instant, je me sens coincé-e. Bien souvent on se sent coupable de ne pas pouvoir faire autrement.
Je vous propose des pistes d’actions et de réflexion :
– Plutôt que de lutter avec sa culpabilité, laissez-là faire son job. Peut-être que vous ne le savez pas, mais c’est une émotion très adaptative. La culpabilité, on peut l’observer par exemple en notant sur un papier ce qu’elle vous raconte, est-ce que ce sont des mots, des images, des sons, des histoires. L’idée c’est d’en saisir les contours, les nuances, les tournures de phrases qui reviennent souvent. Le ton qu’elle prend pour vous parler. Est-ce que c’est vous qui vous vous parlez, est-ce que c’est une personne extérieure ? Un parent, peut-être. Donc, déjà, observer et acceuillir comme on peut cette culpabilité. Je mets mon chrono en route : Combien de temps je vais passer dans cette zone de culpabilité ? Ou est-ce qu’elle me mène si je l’écoute jusqu’au bout ? ça donne quoi ma vie ? Qu’est-ce que j’aimerais mieux entendre comme sons, comme images comme histoires pour m’en sortir avec ce repas de la condamnée ? De quoi ai-je vraiment besoin, là, au juste ?
– Ensuite, continuer d’observer ce que le repas du/de la condamnée vous fait faire. Qu’est-ce qui se passe quand vous anticipez la pénurie et que vous pensez sans doute bien faire pour votre santé ou votre poids ? Ben, vous mangez peut-être avec envie au début, et que cette envie laisse place au mode automatique, à « on ne sait jamais, faut que je bouffe ». Et là, si on appuie sur la touche ralenti », qu’est-ce qu’on vous voit faire dans cette scène, vous êtes où, avec qui, il est quelle heure, quelle est la luminosité de la pièce, est-ce que vous faites autre chose ou pas, comment sont les premières bouchées, comment sont les dernières. A quel moment l’envie descend d’un cran, à quel moment elle n’est plus là ? Comment vous sortez de votre repas ? Quel est votre taux de remplissage de l’estomac ? 50/100/150 ? Êtes satisfaite gustativement du repas ? Est-ce que vous vous sentez légère, digeste, plombée ? Qu’est-ce qui se passe ensuite ? Comment se passe la journée ? Quelle incidence sur vos repas suivants ? La prochaine fois que vous vous trouvez dans cette situation et que vous en souffrez, qu’est-ce que vous pourriez faire pour faire différemment, même à 1% autrement ? Comment vous vous y prendriez ?
Rappel : Si on lutte contre sa culpabilité, en mode, j’ai pas à me sentir coupable, ben, on lutte contre une part de soi qui essaie de s’exprimer, cette part de soi, ce sont des petits warnings qui essaient de se frayer un chemin, mais qui sont vraiment maladroits pour le dire.
Rappel 2 : Même chose pour les comportements, on lutte contre ce qu’on a vécu, contre ce qu’on vit, contre ce que va vivre.
Voilà, je vous préviens, mettre sur pause ou ralenti et revisiter cette scène, ça peut être chamboulant parce que parfois, on éprouve de la tristesse pour ce qu’on pense ou ce qu’on vit à ce moment-là, parfois on a les larmes qui montent, parfois on aimerait juste se faire un gros câlin ou que qqn rentre en lien avec nous quand l’émotion nous bouleverse, mais qu’on est pas habitué à demander de l’aide… Bref, nota bene, ça peut chambouler, vous pouvez vous faire accompagner. Je ne dis pas que c’est facile mais ça vaut le coup.
J’espère avoir apporté plus de clés pour mieux comprendre ce qui se joue dans ces moments-là. Je suis bien curieux de savoir si cela vous a aidé. N’hésitez pas à me le dire en commentaires de cet épisode !