Vivre healthy, vivre sainement, ou essayer, ce n’est ni obsession ni de l’orthorexie, ni de l’extrémisme. C’est prendre soin de soi. Petit coup de gueule en mode « tribune ».
Avant-propos : Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait pas être fortuite. Les personnages et les situations de ce récit ne sont pas purement fictifs.
Le contexte
Il y a quelques semaines, en pleine période d’évaluations partielles (et oui, je me reconvertis), je suis invité à un dîner réunissant une bonne partie de l’équipe de l’émission de télé à laquelle j’ai participé cet hiver. Top, je ne sors jamais en ce moment. C’est aussi un plaisir de retrouver de chouettes personnes. Ok, d’autres ne sont pas venus (#lacheurs). Passons. Au milieu du dîner, la conversation tourne nutri/healthy, puisque le restaurant ne l’est pas forcément. Et là, ça pique. Léa*, une jeune femme qui bossait notamment pour cette émission de télé, part dans une diatribe sur mon mode de vie healthy. Et je réponds. Et elle aussi. Bref, j’ai été à un dîner.
Les arguments
– « En fait, je trouve ça trop extrême comme mode de vie »
– « Je sais pas, on va tous mourir, faut kiffer un peu, avant, non ? »
– « S’interdire tellement de trucs, je trouve ça triste »
– « Manger gras, salé, sucré, c’est ça qui est bon ! Pas du tofu avec des graines germées ! »
– « Je sais pas, mais question plaisir, entre un bon burger et ton avocat/feta, y’a pas photo »
– « Je ne vois pas le lien entre l’impact de ce que je mange sur l’environnement. Je ne vois pas en quoi manger un burger menacerait la planète. »
– « Ok, mais si tu fais ça avec la bouffe, tu le fais avec tout. Tu fais attention à ton gel douche, d’où proviennent tes vêtements… C’est pour ça, je trouve ça trop extrême, en fait. »
La conversation avait bien débuté, mais nous n’étions pas d’accord. On pouvait aussi s’enrichir l’un et l’autre de cette divergence de points de vue, non ? Ça n’a pas été le cas. En gros, je me suis retrouvé cornérisé dans la case « vegan ». Vous savez, cette case « idéologue qui sait mieux que tout le monde ». Tout ça alors que je ne suis ni vegan ni végétarien même si mon alimentation est de plus en plus orientée vers le végétal et que je comprends et partage certaines de leurs préoccupations éthiques, environnementales ou sanitaires. Il a donc fallu repartir de loin pour affirmer ma vision sans se mettre en mode « bulldozer » comme mon interlocutrice, qui n’écoutait rien de ce que je disais.
D’où ce post, car j’ai quand même envie d’enrichir cette discussion et de vous soumettre des réflexions, à brûle pourpoint. Ça y est, je fais du Macron, pardon de vous le dire, mais je vais bientôt sortir ma poudre de perlimpinpin !
Alors, qu’ai-je répondu à cette jeune femme (laquelle, par ailleurs, est fort sympathique) ?
Vivre healthy ou s’orienter vers un mode de vie plus sain, c’est d’abord essayer de rester le plus possible à l’écart des maladies dites de civilisation : diabète, cancers, maladies vasculaires et auto-immunes, lesquelles, coïncidence (corrélation, causalité ?) ont augmenté drastiquement depuis que notre alimentation s’est transformée après la seconde guerre mondiale, et que nous avons laissé aux industriels prendre le contrôle de notre assiette. Avec environ 85 000 repas dans une vie, comment ne pas penser que l’alimentation n’ait pas d’impact sur notre santé ? 3 fois par jour, nous mettons des aliments dans notre corps, pour que nos cellules puisent ce dont elles ont besoin pour bien fonctionner (protéines, lipides, glucides, vitamines et minéraux…).
Vivre healthy, ce n’est pas nécessairement se restreindre, se contraindre, se limiter, s’interdire. « Mais tu es anti-tout ! ». Euh, non, je suis plutôt pro-santé & pro-plaisir. Oui, un avocat de saison mûr à point avec un morceau de feta fraîche avec un trait d’huile d’olive et éventuellement un morceau de pain au levain, me procure énormément de plaisir. Du fondant, du piquant, de l’onctueux, du structuré. C’est un régal des papilles façon « Ratatouille ».
Vivre healthy, c’est aussi se poser la question de nos modes de production intensifs par lesquels on s’échine à maintenir des plantes en vie qui ne demandent qu’à mourir, au lieu de favoriser l’essor de sols en pleine santé, décuplant le potentiel de notre flore (intestinale aussi, pourquoi pas…).
Vivre healthy, ce n’est pas nécessairement du prosélytisme. Chère Léa, je ne t’ai jamais interdit de vivre selon ton « mode de vie ». Tu fais exactement ce que tu veux ! 2 burgers et 2 pizze (oui, le pluriel de pizza, c’est pizze, en italien) par semaine ? Go girl. Just go. Simplement, ne dis pas que ça n’a aucun impact sur l’environnement. Le rapport est direct, et tu en as convenu dès que j’ai indiqué le nombre de litres d’eau nécessitant la production d’un kilo de bœuf.
Vivre healthy n’est pas une obsession. L’argument selon lequel il serait impossible de faire attention à tout est irrecevable. On peut choisir ses combats. Le mien est celui de l’alimentation par la santé et le retour (c’est lié, ndlr) à des modes de production plus vertueux pour l’économie et la planète. Dire, en substance « faut faire attention à trop de trucs, alors autant ne rien faire » ne fait pas partie des possibles, pour moi. Le pouvoir « vertical », sans complotisme, est trop occupé à maintenir les choses en l’état. Notre pouvoir, d’achat & d’action, peut servir à redonner du sens à cette Marche (en avant ?) du progrès qui n’engendre pas toujours des progrès. C’est donc aussi, encourager certains modèles économiques au détriment d’autres. Veux-tu perpétuer et participer par ton acte d’achat à l’aggro-business ou souhaites-tu vivre dans une société où il y a des modèles de production alternatifs ? Oui ou non. Dans les deux cas, ça se défend, et je ne juge pas. J’ai fait mon choix, je fais « ma part », comme dit le Colibri.
Vivre healthy, c’est aussi rester curieux et ouvert. Surtout au goût et à la surprise. Depuis que j’ai amorcé ma « transition énergétique », j’ai découvert bien plus de saveurs, bien plus de substituts, bien plus de sensations gustatives et des nouvelles matières de jeu, de tests, d’essais plus ou moins concluants. Sérendipité j’écris ton nom !
Vivre healthy, c’est aussi le nom du blog de Pauline, très chouette, que je vous recommande vivement !
Voilà, je ne vais pas rajouter ce que je n’ai pas dit lors de cette conversation, si ce n’est que je me suis retrouvé, à me justifier de mes habitudes de vie sur lesquelles on portait un jugement moral. J’essaie de vivre du mieux que je peux, en prêtant attention à la qualité nutritionnelle de mes aliments, à leur origine, à leur saisonnalité, à la façon dont ils arrivent dans mon assiette (là, encore, j’ai bien des progrès à faire !).
En réponse, je n’ai pas vociféré « ben, fais toi péter le foie et bousille la planète, biatch ! ». Nope. J’ai été courtois, mais ça m’a laissé un petit goût amer. Je ne sais comment l’expliquer. Ah si, ça me revient. En fait, c’est que je me suis retrouvé à dresser un portrait de la normalité, pour me dé-cornériser de cette étiquette d’extrême : « mais, détends-toi, hein, je bois du vin, ça m’arrive de choper un paquet de gâteau et de bouffer des frites ». Tout ça pour rendre plus audible mes arguments, auprès de quelqu’un, qui, de toute façon, sera resté sur ses positions.
Alors que non, on n’est pas censé se justifier de vouloir rester en bonne santé ! Ce serait plutôt aux autres, puisqu’ils sont si bien informés, de nous dire pourquoi ils savent qu’il y a des édulcorants, des additifs, 36 traitements chimiques dans telle pomme, qu’il faut manger moins de viande mais qu’une entrecôte saignante c’est cool quand même parce que l’homme est omnivore… pourquoi ils savent et qu’ils ne changent rien ! Voilà ce que je trouve anormal ! On baigne dans un environnement chimique sans précédent, avec une nourriture inadaptée à notre génome, des procédés de transformation aussi irrespectueux de notre muqueuse intestinale que de l’environnement, et y’en a encore qui se paluchent en disant que c’est « trop compliqué de faire attention à tout et qu’il convient de ne faire attention à rien »? CFQD.
Je n’ai pas l’impression d’être prosélytique. J’essaie, certes, humblement, d’influer un changement, même minime, auprès des gens que je rencontre lorsqu’ils ne sont pas heureux de la vie qu’ils mènent et qu’ils cherchent des solutions.
En tous les cas, merci à toi, Léa, de m’avoir piqué au vif. Tu m’as permis de retrouver le chemin du blog, que j’avais depuis trop longtemps négligé ! Et pour ça…
* les prénoms n’ont pas été changés
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